DHO HNA WEB Series pAr jean pronovost
Cette série de peintures aussi mystérieuses que mystiques est inspirée de l’œuvre de H. P. Lovecraft. Dans L’Abomination de Dunwich et le Necronomicon, la formule magique de Dho-Hna — incantation issue du mythe de Cthulhu — permet d’ouvrir les portes d’autres dimensions et d’invoquer Yog-Sothoth, entité cosmique appartenant à la catégorie des Grands Anciens (Great Old Gods). Cependant, nul ne sait encore ce qui se trouve au-delà de ces portes. À l’instar de cette partie de l’œuvre de fiction lovecraftienne, ces peintures explorent le thème de la métamorphose sous l’angle de la magie, offrent une symbiose surréelle d’imaginaire et de réalité, et estompent les frontières entre passé, présent et futur.
La première peinture de cette série nous immerge dans une scène magique de l’au-delà qui met en relief les liens entre la vie et la mort. Dans cette scène figurent trois momies, dont l’aspect esthétique évoque celui des momies d’Amérique du Sud. Deux d’entre elles sont assises sur le sol rocailleux, une à la gauche et l’autre à la droite de l’abîme ; on dirait presque qu’elles sont animées, et en fait, l’une d’elles est en train de parler. Au centre de la peinture figure la troisième momie ; portant un masque sculpté et étant entourée d’encore quelques bandelettes qui brillent comme des pierres précieuses, cette femme s’adresse à nous : émanant cependant d’une tout autre dimension spatio-temporelle, ce qu’elle nous dit est inintelligible.
Les axes de composition de l’œuvre forment un triangle, ce qui fait que notre regard est porté vers cette momie : c’est sur elle qu’il se focalise. Cette dernière porte en elle un étrange œuf lumineux qui renferme une larve, ou peut-être une forme de vie primitive. En arrière-plan se trouve le ciel éthérique, qui se veut ici un vortex tourbillonnant : ce dernier constitue en fait un passage entre le monde des vivants et celui des morts.
Dans cette deuxième peinture de la série, on pénètre profondément à l’intérieur d’un vieux temple inconnu. On arrive ensuite devant un grand portail menant à un passage mystique. De chaque côté, deux prêtres anciens momifiés montent la garde ; des écritures sont gravées sur le cadre du portail, et des visages de divinités figurent sur les murs qui l’entourent. Il se dégage de ce lieu et de ces prêtres momifiés une énergie qui, pour ainsi dire, les anime : on dirait que ces prêtres peuvent communiquer avec nous. Ainsi, on n’est plus certain de savoir si ce passage mène au monde des morts ou bien à celui des vivants. Pour en avoir le cœur net, on ne peut faire autrement que de l’emprunter.
Vêtue d’une robe et d’une mitre de cardinal contemporain, la momie de gauche se tient les bras croisés sur le ventre et les mains orientées vers le bas. Du côté droit, la momie égyptienne vêtue d’un long suaire se tient les bras croisés sur le torse et les mains orientées vers le haut. Par la symbolique du positionnement de leurs bras, on comprend que ces momies sont issues de religions dont le point de vue respectif sur la vie et la mort est aux antipodes
Troisième et dernière œuvre de la série, cette peinture nous emmène au sein d’un paysage à la perspective impossible, et dont le point de vue insolite lui confère un caractère invraisemblable. Cette scène met non seulement en interrelation des symboles de la vie et de la mort, mais évoque une fois de plus le passage entre ces deux étapes de l’existence.
Ici, les axes de composition se rejoignent en prenant la forme d’un triangle inversé, c’est-à-dire qu’au centre, le personnage d’apparence humaine est orienté vers le bas, tandis que les momies sur les côtés sont orientées vers le haut. De plus, cette scène — la plus vive des trois peintures d’ailleurs — se déroule en surface et à la lumière du jour. Étant éclos de l’œuf, l’homme primitif apparaît maintenant dans cette scène : par son corps tout entortillé et contorsionné, on a l’impression qu’il cherche à se libérer de ce tourment interdimensionnel