LES PILIERS PERDUS DE L’ÉDEN pAr jean pronovost
Cette peinture présente un Éden bien différent de celui qu’on a l’habitude de s’imaginer. Loin d’être un jardin, cet Éden est un lieu turbulent, inhospitalier et très sauvage : le genre de lieu où l’être humain ne peut survivre et où rien ne pousse ni ne foisonne. Hormis les formations rocheuses, les eaux et le ciel, l’œuvre dégage une ambiance trouble et hostile. Il s’agit d’un monde antérieur à l’apparition de l’être humain, ou peut-être postérieur à la disparition de ce dernier. On pourrait dire que seuls les dieux et la nature peuvent y exister : pas nous.
Du jeu d’ombre et de lumière de la toile se dégage une énergie mystique ; une éclaircie éthérique pénètre les nuages tourmentés et d’un aspect dramatique, et les eaux agitées par des vagues violentes sont d’un magnifique bleu vif. Les formations rocheuses s’apparentent à des temples primitifs, ce qui leur confère de la vitalité et un caractère sacré.
Réalisé avec plusieurs glacis de peinture à l’huile, ce paysage intérieur primitif s’appuie sur les canons du paysage classique. Cependant, il est l’expression d’un sentiment ou de l’inconscient plutôt qu’une représentation proprement dite de la nature. Cette œuvre évoque avec éloquence toute la fragilité et l’insignifiance de notre espèce devant l’univers qu’elle habite, ce qui a de quoi réellement nous éveiller et nous émerveiller : c’est comme si nous nous ouvrions à un passé lointain et primitif.
Ainsi, Les piliers de l’Éden est un lieu propice au renouveau de la vie, un lieu primitif riche de potentiel pour toute nouvelle manifestation de vie humaine, animale ou végétale. Le ciel, les rochers et la mer sont tous des piliers ici : ensemble, ils constituent le milieu dans lequel foisonneront de multiples formes de vie. Éloge de la nature, cette œuvre monumentale nous rappelle toute la force et la beauté de cette dernière.