LA MÉNADE

SÉRIE BACCHANTE
2018
Bronze, résine & acier
49 x 56 x 193 cm

LA MÉNADE pAr jean pronovost

Cette sculpture met en scène une magnifique jeune ménade hellénique détendue qui s’apprête à goûter un raisin sucré. Ses yeux sont clos et sa tête, légèrement inclinée vers l’arrière, repose contre la paume de sa main, pose qui lui donne un air des plus insouciants. Mais dans la grappe se dissimule un ver plutôt agité qui n’attend que d’être porté en bouche pour laisser un goût amer à la Ménade.

Dans la Grèce et ensuite la Rome antiques, les ménades étaient des prêtresses et des dévotes du cortège de Dionysos et puis de Bacchus, Dieux du vin, de la vigne et des vendanges, de l’abondance et de la fertilité, ainsi que du théâtre et de l’extase religieuse. Vêtues de peaux de chevrotin pour le rituel de célébration annuel, les ménades sont souvent représentées comme des femmes excentriques entrant facilement en transe, qui dansent et boivent sous l’effet d’un délire euphorique catalysé par Dionysos. Disons simplement que ces rituels agrémentés de vin, de danses et de peaux d’animaux évoquent plutôt un samedi soir en boîte de nuit de New York qu’un lieu de culte…

Montée sur une colonne, cette sculpture hellénisée aux traits caucasiens cherche, par son symbolisme travaillé, à mettre le monde contemporain en garde contre le risque qu’il court à ne pas tirer de leçons des erreurs du passé. La Ménade se voulant le reflet de nous-mêmes, la portée de son message doit être bien saisie. On la voit tenir de sa main gauche des raisins pourrissants et infestés de vers, scène qu’elle préfère ne pas voir. Volontaire ou pas, son aveuglement laisse penser que lorsqu’elle découvrira la nature véritable de ce qu’elle consomme sans discernement, elle en souffrira inévitablement. On voit par ailleurs que la couche ornementale assez poreuse et desquamée en laisse entrevoir une autre, ternie, malade et abîmée. Elle révèle ce que la magnifique, mais trompeuse couche de surface ne peut plus dissimuler : la vie intérieure gangrenée de cette Ménade, dont les yeux clos donnent à penser qu’elle n’a pas du tout conscience. La portée de cette allégorie de notre mode de vie extravagant est immense : si l’on se soucie davantage d’esthétique et d’apparence que de notre bien-être et de notre équilibre, notre vie ne sera plus qu’abjection et désenchantement. Bref, ceux qui vivent dans la décadence vivront inévitablement dans la misère.

sculpture de jardin
La Ménade - 2018

IMAGES EN VEDETTE

L’oxydation du bronze et l’érosion sur la colonne symbolisent entre autres l’effondrement de l’âge du bronze, dont nous ne semblons pas tirer de leçons puisque nous sommes en train de recorrompre notre être, notre esprit et nos pensées.

LA MÉNADE - LE PROCESSUS

  • La colonne et le corps sont d’une pièce.
  • Elle est faite de résine renforcée avec de la fibre de verre. Aussi, la tête et l’ensemble du bras porté en l’air sont soutenus par une armature en acier, le reste de l’intérieur demeurant creux.
  • Également faite de résine renforcée avec de la fibre de verre, la colonne a été obtenue par coulage avant d’être traitée avec divers produits chimiques visant à texturer sa surface et à lui donner un aspect érodé et vieilli.
  • Modelées et coulées afin d’obtenir un effet esthétique saisissant, les diverses couches de peau de la femme ont été réalisées dans l’ordre suivant : la couche profonde, la couche superficielle en desquamation, puis les ornements de sculpture. La chevelure a également été réalisée par étapes pour que les mèches et les éléments décoratifs comme les nattes et les bijoux produisent un relief esthétique.
  • Pour sculpter la chevelure ainsi que d’autres fins détails sur le corps, il a fallu se servir d’outils électriques et pneumatiques.
  • La sculpture a d’abord été enduite d’apprêt, ensuite recouverte de poudre de bronze véritable non polie, puis patinée pour lui conférer un aspect oxydé, et enfin vernie.

Sculpteur, muraliste, peintre, artiste et spécialiste de l’aérographe.

Montreal, Quebec, Canada

Ou appelez : 514 835 7438

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