LA BOUCHE DE LA MAISON SACRÉE I pAr jean pronovost
Le titre de cette peinture mystique et onirique constitue une référence symbolique aux cavernes et au désert, lieux tout désignés pour réfléchir profondément, renouer avec la nature et libérer l’esprit de son enveloppe corporelle : il s’agit de lieux purificateurs. Ici, pour se frayer un chemin entre les cactus et pour traverser ce terrain de prime abord inhospitalier, impossible de trouver une carte géographique pour s’aider : il faut libérer son esprit et laisser libre cours à son imagination pour y arriver. Même si ce parcours se veut effrayant et désorientant, on en retirera à terme une grande compréhension de soi et de la vie.
Dans ce paysage au magnifique ciel bleu vif, le soleil traverse les nuages éthérés de ses rayons ; un léger brouillard projette une ombre fine sur les majestueuses montagnes se juxtaposant à l’arrière-plan avec ce désert sacré du nord du Mexique : il s’en dégage une ambiance aussi magique que mystérieuse. Ce lieu a été épargné de l’exploitation minière, comme le témoignent les couleurs vives du sol et des montagnes qui en reflètent l’abondance minérale. Parmi les cactus se trouvant dans ce désert chaud et aride est enraciné un arbre magnifique et luxuriant, voire onirique. Ce dernier est une vision, une offrande de cette terre ancestrale et magique. Au-dessous de cet arbre se trouvent des formations rocheuses qui se précipitent presque comme des chutes d’eau. Ces concrétions de stalactites constituent les racines symboliques de cet arbre sacré, que les Anciens honorent d’ailleurs avec des offrandes.
Au-dessous de ces formations se trouve une grotte qui abrite le monde souterrain et, d’un point de vue symbolique, notre monde intérieur. Pour être précis, ce lieu, c’est Balancanché (traduction approximative : Le trône du jaguar sacré), localisé près de Chichén Itzá. Ici, nombreux sont les artéfacts ayant jadis servi à un grand nombre de cérémonies mayas, dont l’objet était d’ailleurs d’honorer Xibalba et de nourrir le monde souterrain avec des offrandes. Par leur nature et leur disposition sur la peinture, ces éléments symbolisent les liens spirituels entre le monde souterrain, celui des vivants et celui des esprits. Notre terre aussi est répartie selon ces trois mondes profondément liés l’un à l’autre, ainsi qu’à nous-mêmes.
La partie inférieure de cette peinture — œuvre qui d’ailleurs est des plus inspirantes — est composée de tons plutôt saturés et d’un jeu d’ombres très prononcées qui incitent à porter le regard vers les teintes et les textures plus claires de l’arbre, puis vers les montagnes et le ciel vifs et tamisés par les brumes lumineuses. Ainsi, en nous entraînant à travers le désert et dans les profondeurs de la grotte, cette œuvre nous offre un pèlerinage.