LA FIANCÉE DU COSMOPHORE

Édition no.2
VENDUE
2007-2008
Résine, fibre de verre & acier
208 x 122 x 122 cm

LA FIANCÉE DU COSMOPHORE - Édition 2 pAr jean pronovost

On ne peut qu’avoir envie de danser avec exubérance à la vue de cette sculpture, qui met en scène une femme magnifique nous incitant à nous joindre à la fête. Remarquez-vous cependant la tortue sur laquelle elle se tient, qui semble tout sauf enjouée ? Et des deux, laquelle attirera le plus votre attention?

Car à y voir de plus près, cette scène n’est innocente qu’en apparence. En effet, la créature sur laquelle cette magnifique femme affranchie se déhanche est un symbole plurimillénaire : la tortue est représentée dans les œuvres architecturales et sur la monnaie de la Grèce antique, considérée comme symbole de fertilité chez les Romains, et de la terre chez les Mayas et d’autres cultures indigènes. D’ailleurs, ces derniers considéraient la planète comme une tortue préhistorique géante naviguant en pleines eaux primitives.

Les yeux clos et portant une riche ceinture d’antan ornée de bijoux, la femme danse à sa guise dans la plus grande insolence et insouciance qui soit. Allégorie visant à nous mettre en garde contre les ravages du narcissisme, de l’ignorance et de la vanité, elle ferme volontairement les yeux sur la réalité des circonstances pour faire durer la fête. Sur la tête de la fiancée se trouve une pieuvre que la femme s’amuse à manipuler dans tous les sens. Symbole de nature, de ruse et de connaissance, la pieuvre est aussi un redoutable prédateur, comme en témoignent d’anciennes légendes. Selon celles-ci, des navires étaient aux prises avec des pieuvres géantes tout à fait capables de les attaquer, voire d’arracher les yeux des membres d’équipage qui parvenaient à les capturer. Et pourtant, en dépit de la volatilité qu’on attribue à la pieuvre, celle que la fiancée manipule comme bon lui semble et sans égard à la violence qu’elle lui fait semble tout simplement impuissante. Cette impuissance reflète celle de la nature face à l’inconscience aveugle et l’inconséquence que représente la fiancée. Elle reflète notre attitude actuelle en fait, tout aussi inconséquente envers mère Nature. Plutôt que de prendre conscience des répercussions néfastes de notre attitude marquée par l’excès, nous préférons détourner le regard et nous immerger dans le monde des vedettes et de leur sens esthétique superficiel. Le message que véhicule cette œuvre est le suivant : tôt ou tard, la fête prendra fin ; la pieuvre arrachera les yeux de la fiancée, puis la tortue la balancera à l’eau. Autrement dit, à quoi bon se déhancher avec exubérance dans le vide si le monde est en perdition?

LA FIANCÉE DU COSMOPHORE - Edition 2 (2007-2008)

IMAGES EN VEDETTE

LA FIANCÉE DU COSMOPHORE - Édition 2 - LE PROCESSUS

  • Il a fallu plus d’un an pour mener la sculpture à terme.
  • Elle se décompose en deux parties, à savoir la base et la femme.
  • La base : les vagues ont été sculptées dans de la résine renforcée sur une plaque de métal de 10 mm d’épaisseur. La tortue est soutenue par une structure de métal solidarisée à la base par brasage pour mieux maintenir la créature en place. Un trou percé à même la carapace de la tortue permet à la fiancée, grâce à un tube d’acier s’insérant par une des extrémités à l’intérieur de sa jambe, d’être solidement fixée à la base. Modelée, la tortue est faite de résine renforcée avec de la fibre de verre.
  • La fiancée : les bras et la tête sont soutenus par une armature en acier, le reste de l’intérieur demeurant creux cependant afin de préserver la légèreté de la sculpture, qui par ailleurs est faite de résine renforcée avec de la fibre de verre. Pour lui donner un effet esthétique, la fiancée est passée par plusieurs étapes de modelage et de coulage. La ceinture qu’elle porte est en réalité la sculpture d’un collier orné de bijoux qui a été moulée autour de sa taille.
  • Également faite de résine renforcée avec de la fibre de verre, la pieuvre est soutenue par une structure interne ramifiée jusque dans chacun des tentacules. Pure création, elle a été obtenue par moulage, modelage et coulage.
  • Pour sculpter et texturer l’ensemble des parties de l’œuvre, il a fallu se servir d’outils électriques et pneumatiques.
  • La sculpture a d’abord été enduite d’un apprêt, ensuite peinte avec une variété de couche de glacis pour achever un faux fini de marbre et enfin vernie.

Sculpteur, muraliste, peintre, artiste et spécialiste de l’aérographe.

Montreal, Quebec, Canada
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