Insolite et d’une intensité rare, cette sculpture frappe profondément l’esprit. La flamme brillante qui s’impose nous incite autant à nous en rapprocher qu’à nous en éloigner ; elle nous attire autant qu’elle nous repousse ; elle nous est à la fois familière et très étrange. Rassurez-vous cependant : bien des choses s’éclairciront à mesure que s’estompera le malaise de la dualité dans laquelle cette œuvre vous plonge.

Déesse des ténèbres et reine des morts, Hécate illumine la noirceur de sa torche. Dans les légendes grecques, cette femme puissante est représentée avec trois visages, comme en témoigne la sculpture. Les dieux ont fait d’Hécate le guide des morts et des animaux nocturnes. Déesse originelle de la lune, elle symbolise ce que la plupart des récits mythologiques véhiculent, c’est-à-dire que la vie et la mort vont de pair. Pour illustrer la dualité lumière/ténèbres que cette déesse incarne, chaque côté de la sculpture contient des éléments des autres, éléments qui évoquent tous d’ailleurs le cycle de la vie et de la mort. D’un côté est représentée une tête humaine à cornes, en l’occurrence celle d’Hécate ; d’un autre est représenté un crâne de loup à mâchoire ouverte, de laquelle jaillit le squelette d’un bras tout entier ; d’un autre encore est représenté un crâne humain duquel sort une main humaine en chair et en os. La dualité vie/mort se remarque également sur le torse, où seins charnus et cage thoracique décharnée se partagent l’espace. On remarque de plus que cette partie du corps d’Hécate est recouverte de végétation nocturne, entre autres de champignons. On voit en outre des serpents émerger du sol désirant atteindre la torche enflammée, qui par ailleurs est montée sur des vertèbres. En somme, ce que cette œuvre cherche à transmettre, c’est que la mort fait inévitablement partie de la vie dans toute sa splendeur, et que même lorsque nos vies sont plongées dans les ténèbres, la lumière n’est jamais bien loin. Voilà ce que cette statue et sa torche enflammée cherchent à nous faire rappeler.