ÉL HANAC PACHA

2016
Acrylique sur toile
97 x 137 cm

ÉL HANAC PACHA pAr jean pronovost

Cette peinture monumentale rend hommage aux descendants incas de Cuzco, qui comme bien d’autres civilisations andines et peuples indigènes du monde, se sont régénérés en surmontant les atrocités de leur passé colonial. Dans cette représentation contemporaine du phénix renaissant de ses cendres, le passé et le présent, de même que l’homme et la nature, se fondent l’un dans l’autre. Cette toile illustre surtout le renouement avec le passé, et toute la sagesse ancienne, les enseignements spirituels et la grande leçon d’histoire qu’il renferme. En renouant avec ce passé, nous entrons de nouveau en contact avec des connaissances qui enrichissent notre compréhension de nous-mêmes et de l’humanité, et qui nous ouvrent à une existence pacifique, sereine et d’une grande richesse spirituelle.

Dans cette toile, les trois mondes de la cosmogonie inca sont représentés : le Monde d’ici-bas (kay pacha) et ses êtres sensibles que sont, entre autres, les êtres humains, les animaux et les plantes ; le Monde du dessus (hanan pacha) et ses entités célestes que sont, entre autres aussi, le soleil, la lune, le ciel et les constellations ; le Monde souterrain (uku pacha), ou monde des morts et du renouveau de la vie, souvent considéré comme lieu symbolique des récoltes et de la fertilité. Ces mondes sont appréhendés à la fois dans leur dimension temporelle et spatiale.

D’emblée, la toile attire notre regard sur la rencontre d’un prêtre inca, personnifiant à merveille hanan pacha, avec un aigle qui se pose sur la main qu’il lui tend. Ensemble, ils symbolisent le retour en paix des descendants incas à leurs racines spirituelles et à la nature. On remarquera avec intérêt que hanan pacha, qui enseigne les anciennes traditions au peuple tout en le guidant pendant son cheminement, tient la main droite ouverte en guise d’accueil et de respect ; il ne cherche ni à dominer ni à s’approprier quoi que ce soit. L’aigle qui se pose sur sa main est libre ; et une fois posé, il le demeure. Il s’agit là d’une manière de symboliser le renouement volontaire du peuple avec les traditions incas. À la fois majestueux et élégant, le corps de l’aigle, par son plumage, ses pattes et ce qu’évoque son œil, nous fait comprendre que cet oiseau ne ressent aucune crainte et ne cherche à en inspirer aucune : il est en fait porteur de la connaissance et de l’esprit sacré. Ainsi, l’aigle et l’homme symbolisent autant l’un que l’autre le Monde du dessus (hanan pacha) et le Monde d’ici-bas (kay pacha). Leur rencontre témoigne avec clarté de la réunification du peuple avec son héritage spirituel et culturel. Les couleurs vives avec lesquelles ces deux figures sont peintes mettent d’ailleurs en relief toute la signification et la grâce de cette communion.

La partie supérieure de l’œuvre nous raconte, par une scène aux contours estompés, un épisode sombre de l’histoire de ce peuple. On y discerne une armée à cheval, des statues en train d’être démolies, ainsi qu’un prêtre catholique debout sur les marches d’un temple qui n’est pas le sien. Cette partie de l’œuvre nous montre ce que les Espagnols — avides d’or et pleins d’arrogance et de prétentions raciales — ont tenté de faire aux Incas lors de leurs nombreux affrontements en sol péruvien : c’est-à-dire les dépouiller de leur héritage, de leurs ressources naturelles et de leur mode de vie tout entier. Tel est le passé dont les Incas et plusieurs sociétés aborigènes d’Amérique ont dû tirer des leçons afin de le surmonter et de renouer avec leurs anciennes traditions. En arrière-plan se trouve une magnifique montagne ennuagée et recouverte par la jungle qui évoque le paysage du Pérou, pays où toutes ces guerres honteuses eurent justement lieu. Les Espagnols n’ont pas seulement marqué les Incas, mais aussi leur terre. Et à l’instar des descendants incas, cette dernière a retrouvé ses anciennes racines spirituelles. Comme une flamme qui a résisté au vent, l’esprit des ancêtres a survécu à ces assauts et tenu bon jusqu’au retour du peuple, qui lui a redonné un nouveau souffle. Ce que cette peinture célèbre, c’est le lien renouvelé entre les habitants de Cuzco (capitale de l’empire inca autrefois appelée Coricancha) et leurs ancêtres. Ils sont à nouveau inspirés par leur héritage, fiers de ce qu’il représente et fiers de l’affirmer.

visual artist montreal
ÉL HANAC PACHA - 2016

IMAGES EN VEDETTE

Sculpteur, muraliste, peintre, artiste et spécialiste de l’aérographe.

Montreal, Quebec, Canada
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